On avait craqué pour son “Humble héros”, fondu pour son “Plus grand chanteur de tout l’étang”, Gérald Genty revient avec un “Nul si pas découvert” fort à propos : “Quand j’ai un ticket de jeu entre les mains, je commence par gratter le “nul si découvert”.
Il y a tellement peu de chances de gagner, c’est le moyen de s’assurer quand même de fortes émotions !” Si la formule fait toujours mouche chez Gérald Genty, il ne s’agit pas la mouche tsé-tsé, mais plutôt de celle qui virevolte, butinant tour à tour sucre et vinaigre. Sa voix douce et enjôleuse aligne charades, allitérations et assonances, le tout sur un groove ouaté assez irrésistible. Ses productions s’enrichissent cette fois de cuivres chauds et de chœurs lorgnant vers le sixties yéyé ; toujours un sens affûté du jeu de mots, et quelques chansons en demi-teintes, comme l’emblématique “Tu n’es pas”, délicate ode à l’acceptation. Pour son inspiration, Gérald fait feu de tout bois : deux ans en cité U ? Il en ressort un délicieux “Détention universitaire”. Des trajets incessants en train pour une tournée à rallonge ? Un savoureux “TERminable”… “Pendant mes années fac, j’ai beaucoup fait de home studio, ça m’amusait de travailler en solo sur multipistes. Sur le modèle des “2 minutes du peuple” de François Pérusse, je fabriquais de faux live chez moi, en recréant un public sur mes chansons.” Gérald n’a plus besoin de convier un public fictif, il se presse maintenant à ses concerts. Après des bonshommes en bois et un véritable étang sur scène pour les précédentes tournées, le chanteur nous convie cette fois à une séance diapos. “J’aime bien m’entourer de décors interactifs par lesquels je suis dépassé. Comme Gustave Parking, il a un de ces bordels sur scène, un vrai foutoir !” Et si cet ancien prof de tennis a renoncé au sport pour embrasser la musique, son côté coach transpire encore. Pour preuve, un important conseil de vie, dispensé de manière subliminale sur la dernière piste de l’album : “Tous les étés, je fais du camping, et je vis l’absence de toilettes comme un challenge chaque matin. J’ai essayé de donner un conseil important aux gens.”
Julie Bordenave
photos : Marylène Eytier
“Nul si pas découvert” – Wagram / photo : Marylène Eytier
